Soutenance de diplôme, La Souterraine (2016)

Articulations collectives

Projets d’aménagements engagés

2016 | Sous la direction d’Élisabeth Charvet et Alexandra Debonnaire

Les grands ensembles sont hérités d’une pensée moderne appliquée à la construction d’habitats. Les répétitions et les assemblages de machines à habiter ont produit dans les années 1960 ces quartiers utopiques, qui sont aujourd’hui montrés du doigt. Mis à l’écart des villes, dans des immeubles bâtit ex nihilo, les habitants subissent cet environnement uniforme et standardisé. Ils deviennent eux-mêmes anonymes et invisibles. Ils disparaissent même des objectifs des rénovations urbaines. Pourtant ils sont là, les habitants usent de ruses quotidiennes pour échapper à ce cadre de vie anxiogène. Ils produisent de petites subversions qui façonnent un milieu où ils trouvent leurs places. Des groupes se créent, des rencontres se font, des différences se dessinent et des seuils s’installent dans ces quartiers qui en étaient dépourvus. Les habitants cohabitent, ils échangent entre eux et fabriquent leurs quartiers qui s’articulent collectivement pour tendre vers un mieux vivre ensemble dans les grands ensembles. Cette recherche en design¹ explore la capacité d’un espace de seuil entre les individus afin de promouvoir un niveau de sociabilité intermédiaire, révélant l’identité et l’appropriation des habitants sur leur cadre de vie.

Comment articuler le quartier de La Bastide dans les trames urbaines et environnementales de Limoges ?

À la suite de mes observations, le projet met en application les caractéristiques des seuils pour introduire des espaces dynamiques favorisant le dialogue entre les individus et les milieux afin de dépasser les imperméabilités urbaines héritées des dogmes modernistes. J’ai pris le temps de connaître le quartier de La Bastide, par des immersions régulières qui m’ont permis de découvrir des signaux faibles et des usages quotidiens qui passent inaperçus dans les grands projets de rénovations urbaines. À La Bastide ce sont les qualités environnementales et les multiples typologies végétales qui font les spécificités du quartier. Une biodiversité riche se révèle à la lisière entre la ville de Limoges et les espaces protégés du bois environnant.

Les préoccupations environnementales menées par la métropole de Limoges et la Région du Limousin sont des points d’ancrages pour mon projet. À termes celles-ci participeront à la création d’une trame verte et bleue au sein de la métropole limougeaude et intégreront le quartier de La Bastide dans une écologie urbaine. Un équilibre fragile mais indispensable entre le centre-ville et son quartier périphérique. Le projet est conçu comme une démonstration pour une action menée à plusieurs échelles, où les microcosmes influent sur le macrocosme. Par des nouvelles porosités au sein d’un quartier, les enjeux finaux peuvent être répercutés sur d’autres échelles et ainsi valoriser et singulariser l’identité des habitants du quartier de La Bastide vis à vis d’une homogénéité Métropolitaine.

La lisière, l’orée du quartier : faire le choix d’entrer

Au nord du quartier, la lisière entre le centre-ville et le bois de La Bastide correspond à l’entrée du quartier depuis le Boulevard Schumann. Ce carrefour entre trois milieux n’est pas signalé. Comment entrer dans un lieu dont on ignore les qualités ? Ce seuil permet de rejoindre la trame verte jusqu’aux jardins de La Bastide par le choix d’entrer dans le quartier.

La convergence, dépasser les limites : raccommoder les passages

Une ancienne allée formée par des hêtres rappelle que ce quartier a été bâti sur d’anciennes terres agricoles de Limoges. Elle mène aujourd’hui en direction d’une clôture qui bloque l’accès au bois de La Bastide. Il s’agit ici d’un seuil pour dépasser les limites, puissent-elles être physiques, ou sociales entre deux quartiers qui se tournent le dos. C’est un lieu de rassemblement à rétablir entre deux quartiers qui ne communiquent plus ensemble.

Le belvédère, au-delà du regard : la ville et sa périphérie

Au bout de la rue Pissaro, cerné entre les bâtiments, se dévoile un belvédère surplombant les jardins de La Bastide et la ville tout entière. Il suffirait d’un pas de plus pour rejoindre ce paysage, mais une barrière et un dénivelé de plusieurs mètres nous barre la route. Le seuil se positionne pour réconcilier celui qui voit et celui qui cultive, celui qui contemple le paysage et ceux qui le façonnent.

 

Notes de texte

  1. GUERARD, Vincent. (2016). Articulations collectives. [sous la dir. CHARVET, Élisabath ; DEBONNAIRE, Alexandra]. La Souterraine.

 

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