La ravine lé la
Sous la direction de Serge Briffaud et Rémi Bercovitz
2018
Une gestion des paysages par les pratiques de la Ravine Bernica
La ravine Bernica est un haut-lieu du patrimoine réunionnais. Ses attraits pittoresques lui valent d’être un sujet d’inspiration pour de nombreux auteurs depuis le XIXe siècle. Le plus emblématique est sans nul doute le poème de Leconte de Lisle « Le Bernica » (Poèmes barbares, 1862). Cependant, ce site classé de la ravine Bernica est exposé à une dynamique végétale de plus en plus envahissante. On constate une fermeture des paysages qui s’explique notamment par un abandon de pratiques sociales et pastorales, au profit d’autres ravines plus en lien avec le tissus urbain. Seul la pratique d’un tourisme local perdure par quelques curieux qui s’aventurent sur la piste d’un sentier sans indications. Les pratiques quotidiennes qui caractérisaient les ravines ont disparu de Bernica.
Pour répondre aux problématiques paysagères, j’ai placé ce projet dans un entrelacement d’enjeux de patrimoine, de dynamiques végétales et de pratiques sociales. Des propositions d’actions s’organisent autour de pratiques quotidiennes avec l’anticipation de leurs répercussions bénéfiques sur l’environnement et les politiques publiques. Ce sont des actions ponctuelles avec une mise en œuvre simple, qui font germer un projet de plus grande ampleur. À long terme ces réalisations participent à une protection et un mode de gestion plus large des Bas de planèze de Saint-Paul.
↓ Retour sur le processus de projet
Comme cette carte postale d’un pêcheur dans la ravine (sans date), les gravures et photographies anciennes permettent d’identifier les traces de pratiques d’antan à Bernica. Elles témoignent de liens ordinaires et quotidiens qu’entretiennent les habitants de Saint-Paul avec la ravine : promenade, pêche, lavoir, etc.
![« Perdu sur la montagne, entre deux parois hautes,
Il est un lieu sauvage, au rêve hospitalier [...] »
En 1862, « Le Bernica » de Leconte de Lisle, retranscrit l’expérience sensible du poète entre ces deux parois rocheuses de la ravine. Il décrit no](https://images.squarespace-cdn.com/content/v1/610bc984ac075f23cbf16bd5/06912ba8-d36a-499b-bce9-365b2e74fcb7/LaRavineLeLa_couverture.jpeg)
« Perdu sur la montagne, entre deux parois hautes, Il est un lieu sauvage, au rêve hospitalier [...] » En 1862, « Le Bernica » de Leconte de Lisle, retranscrit l’expérience sensible du poète entre ces deux parois rocheuses de la ravine. Il décrit notamment une extraordinaire biodiversité de ces lieux.
Depuis le Tour des Roches, le sentier de la ravine traverse d’abord une petite plaine recouverte par les hautes herbes. Il longe ensuite la parois rocheuse et permet d’accéder à un belvédère au-dessus du bassin Pigeon. Mais la végétation devenues trop dense oblige souvent les visiteurs à faire demi-tour.
L’eau est l’élément majeur des ravines. C’est l’érosion qui a creusé les larges sillons dans les planèzes volcaniques. Lorsque la pluie s’abat sur l’île, les ravines canalisent les eaux jusqu’à l’océan. En très peu de temps le calme filet d’eau se transforme en torrent. Le reste du temps, les bassins des ravines permettent de se baigner au frais.
Le pastoralisme a façonné un lien étroit entre les plateaux secs des savanes et les ravines fraîches. Des petits sentiers discrets permettent à l’éleveur de faire descendre ses bêtes à l’ombre dans la ravine. Mais le recul du pastoralisme sur les savanes induit également des modifications sur les paysages des ravines.
Extrait d'un entretien en 2018 avec Quentin Rivière, chargé de mission au Conservatoire du Littoral.
Le projet s’intitule « La ravine lé la » en clin d’œil aux réclames peintes sur les épiceries réunionnaises pour la bière locale, la Dodo. Il a été soutenu en 2018 dans le cadre du projet de fin d’étude pour le Diplôme d’État de Paysagiste, sous la direction de Rémi Bercovitz, Alexandre Moisset et les précieux conseils de Serge Briffaud.
Six premières actions permettent d’amorcer une gestion paysagère à Bernica : Identifier les accès ; Circuler dans la ravine ; S’asseoir et y passer du temps ; Pouvoir se baigner ou se rafraîchir ; Participer à des activités culturelles ; Tisser un lien avec les savanes, et renouer avec le pastoralisme.
Un carnet précise chacune des actions imaginées à partir des observations à la ravine Bernica ou dans d’autres ravines de St‑Paul. Il décrit l’objectif et la mise en œuvre des actions, les préconisations techniques, et les répercussions bénéfiques pour la gestion paysagère à moyen ou long terme.